Exercice d'écriture : la consigne était de commencer la nouvelle par l'incipit "Aujourd'hui c'est samedi. Le CROUS est fermé, mais j'ai faim. Très faim."
Aujourd'hui c'est samedi. Le CROUS est fermé, mais j'ai faim. Très faim. Je marche, hagard, dans la rue. Je me sens mal, très mal. Je dois trouver un autre endroit où acheter à manger. Je n’ai plus assez d’argent pour aller faire des courses ce mois-ci, j’ai transféré tout ce qu’il me restait sur ma carte Izly. Ma carte Izly. Inutile. Je vois passer des gens, ils n’ont pas l’air d’avoir faim, eux. Je ne sais pas pourquoi, quelque chose m’agace en eux. Ce sont des faibles, oui c’est ça, des faibles. Ils ont des manières de faibles de se comporter, de marcher, de parler. Allons, je dis n’importe quoi. Pourquoi seraient-ils faibles, eux ? C’est moi qui suis mort de faim et faible comme une brindille. Et je suis pâle comme du linge, selon ce petit bout de miroir qui traîne par terre au coin de la rue ; je me suis même fait peur à moi-même. Ma pâleur est presque surnaturelle. Continuons d’avancer, je trouverai bien quelque chose. Enfin j’espère. Je tourne au bout de la rue. Puis je m’arrête. J’attends. Qu’est-ce que j’attends ? Je ne sais pas, une idée sûrement. Mais cette fille, pourquoi me regarde-t-elle comme ça, avec son air effrayé ? Est-ce que ça se voit tant que ça que je ne vais pas bien ? Mais elle va arrêter de me dévisager ? Je vais lui faire la leçon, moi, tiens. Je m’approche. Elle part en courant. NON, tu restes là ! Je me sens bondir, aussi léger qu’une plume. La sensation est agréable. J’atterris sur elle et la renverse violemment. Sa tête cogne contre le sol et quelques gouttes, non une flaque, non une mare de SANG se répand sur le sol. Elle est morte, je le sens. J’ai faim, très faim. A pleines dents je lui arrache un bras. Huuum, je fais, OH C’EST SI BON !!! Et cette odeur, oui cette odeur de sang, si parfumé… Je me délecte de son sang comme d’un doux nectar, je ne peux plus m’arrêter, c’est si BON ! Encore, ENCORE ! OUIII, du sang, du SAAANG ! Ah… et cette chair est si tendre, si JUTEUSE, si moelleuse,… AH. Je sens le sang se répandre dans ma bouche à chaque bouchée. Si bon… pourquoi n’a-t-on pas ça au RU ? C’est meilleur que les frites, ce sanggg… attends, quoi ? J’ai dit quoi là ? Ce SANG ? OH MON DIEU, c’est vraiment un bras que j’ai dans ma bouche ??? Je ne comprends plus rien, qu’est-ce qu’il se passe ? Tout ce sang, je ne comprends pas… Il y en a tellement qu’il fait une mare sur le sol. Une mare dans laquelle je vois… je v… ce n’est pas mon reflet que je vois dans la mare de sang. C’est... un loup que je vois.
Alexandre BARROS