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Alfred, auteur de bande dessinée, a eu la gentillesse de nous accorder un peu de son temps, alors qu’il est en pleine préparation d’un nouveau livre. Voici en exclusivité un extrait de l’interview « « Partager un livre », rencontre avec Alfred » que vous pourrez retrouver en intégrale dans le numéro 13 de L’Hermès !

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Cette année, tu es le parrain de la Nuit des Bibliothèques de Bordeaux qui aura lieu du 29 septembre au 10 octobre. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cet évènement et de la place que tu vas y tenir ?

J’espère qu’elle sera maintenue ! Il me semble que c’est la 4e édition. C’est un évènement auquel j’ai toujours participé, même sans en être le parrain, par des formes de performances dessinées, des concerts dessinés, des lectures et des rencontres publiques. On m’a gentiment demandé d’en être le parrain. Pour moi ça signifie proposer des créations spécifiques à cette Nuit-là. J’ai donc invité 5 ou 6 camarades pour des spectacles divers et variés autour du livre. Il y aura de la danse contée, des concerts dessinés, des lectures dessinées, des rencontres… Il y aura 5 ou 6 moments répartis sur 5 ou 6 bibliothèques. C’est quelque chose que je fais depuis très longtemps, d'emmener mon dessin ailleurs que sur mon bureau, sur ma planche. Je vais expérimenter des choses en live, dans des concerts, des performances improvisées ou très écrites, seul, à plusieurs ou à très nombreux, dans de toutes petites salles ou dans de très grands théâtres. C’est quelque chose dont j’ai besoin, pour nourrir mon dessin. Donc quand on m’invite pour des moments comme celui-ci, très spontanément c’est vers ces formes variées que je vais.

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Une collaboration avec Lewis Trondheim va paraître courant octobre chez Delcourt Soleil. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce projet ?

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Oui ! Ça s’appelle Castelmaure, livre qui sortira mi-octobre. On se connait depuis très longtemps 

avec Lewis, on avait déjà collaboré ensemble, notamment dans Spirou, L’Atelier Mastodonte ou dans un Donjon que j’avais dessiné. On avait envie de ne pas en rester là. Je lui ai alors proposé comme piste, de faire un conte traditionnel médiéval à la façon des frères Grimm, avec tous les ingrédients habituels et traditionnels du conte : la sorcière, la forêt, les enfants perdus, la malédiction sur le royaume. Il s’agissait de prendre tous ces ingrédients et de les mettre à notre sauce, avec la noirceur et l’humour dont Lewis est capable dans ses histoires. L’idée lui a plu et comme il est également très instinctif, le lendemain, il m’a envoyé huit pages des premières scènes possibles, que j’ai beaucoup aimé. Ça faisait longtemps que j’avais envie de faire un livre avec ce thème du conte. C’est un univers que Lewis avait peu exploré mais qui le séduisait beaucoup. On a trouvé ce terrain sur lequel on s’est bien amusés et on a fait un livre qui a été très joyeux à faire, même si le récit lui-même est assez noir et peut-être avec moins d’humour qu’il n’y en a habituellement dans les livres de Lewis. Mais on s’est beaucoup amusés à le faire et on a envie de continuer à faire régulièrement des livres, même si je sais qu’à certain moment je vais préférer faire des livres tout seul. Pour le moment j’ai plus l’envie de travailler seul, mais l’envie et le plaisir de partager des livres va très vite revenir.


 

Images provenant de l’Instagram de l’auteur : @alfred_circus

 

Interview réalisée le 17 septembre 2020 par Laure Ricochon

 

Il s’agit d’un cas grammatical bien connu de toute personne pratiquant une langue casuelle. Mais savez-vous ce que veut vraiment dire ce mot « accusatif » ? De la même famille que « cause », il vient de causa, ae, f. : la cause, le motif, l’accusation. La cause est l’origine logique d’un évènement. Que s’est-il passé ? Le brigand a renversé la vieille dame. C’est sa faute, il est la cause des douleurs de la vieille dame renversée, on le pointe du doigt. L’accusatif est le cas du pointage, de la désignation directe, sans détours, plus largement de la destination (d’où le célèbre « in + Acc. » !). Imaginons que le verbe (transitif et actif) de la phrase est une flèche tirée par un archet, le sujet ; la flèche va atterrir sur une cible, destination de la flèche ; cette cible est le COD, il s’agira du complément à l’accusatif. Nul détour n’est possible, la flèche attira forcément quelque part. Par analogie au système judiciaire, on peut remarquer que l’action du verbe (le déplacement de la flèche de l’archet à la cible) est appelée son procès : le procès judiciaire a un objet, un accusé qui a fait quelque chose, de même que le procès d’un verbe, on vient de le voir, a lui aussi un objet, à l’accusatif. Tout est logique !

On peut cependant remarquer que la grammaire est fourbe : Le brigand a renversé la vieille dame, et c’est « la vieille dame » qui correspondrait à un groupe à l’accusatif : d’un point de vue grammatical, c’est la faute de la vieille dame, elle n’avait qu’à ne pas être là !*


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*C’est dit avec humour, mais cela n’est en réalité pas illogique sur le plan de langue, car la présentation de l’accusatif est ici très simplifiée, en réalité cela relève de notions plus complexes qui expliquent cette différence de point de vue sur la « cause ».

 

 

Alexandre BARROS