Il s’agit d’un cas grammatical bien connu de toute personne pratiquant une langue casuelle. Mais savez-vous ce que veut vraiment dire ce mot « accusatif » ? De la même famille que « cause », il vient de causa, ae, f. : la cause, le motif, l’accusation. La cause est l’origine logique d’un évènement. Que s’est-il passé ? Le brigand a renversé la vieille dame. C’est sa faute, il est la cause des douleurs de la vieille dame renversée, on le pointe du doigt. L’accusatif est le cas du pointage, de la désignation directe, sans détours, plus largement de la destination (d’où le célèbre « in + Acc. » !). Imaginons que le verbe (transitif et actif) de la phrase est une flèche tirée par un archet, le sujet ; la flèche va atterrir sur une cible, destination de la flèche ; cette cible est le COD, il s’agira du complément à l’accusatif. Nul détour n’est possible, la flèche attira forcément quelque part. Par analogie au système judiciaire, on peut remarquer que l’action du verbe (le déplacement de la flèche de l’archet à la cible) est appelée son procès : le procès judiciaire a un objet, un accusé qui a fait quelque chose, de même que le procès d’un verbe, on vient de le voir, a lui aussi un objet, à l’accusatif. Tout est logique !

On peut cependant remarquer que la grammaire est fourbe : Le brigand a renversé la vieille dame, et c’est « la vieille dame » qui correspondrait à un groupe à l’accusatif : d’un point de vue grammatical, c’est la faute de la vieille dame, elle n’avait qu’à ne pas être là !*


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*C’est dit avec humour, mais cela n’est en réalité pas illogique sur le plan de langue, car la présentation de l’accusatif est ici très simplifiée, en réalité cela relève de notions plus complexes qui expliquent cette différence de point de vue sur la « cause ».

 

 

Alexandre BARROS